Saint-Brieuc 2008
Autour du Tour






Aujourd’hui, dimanche 6 juillet 2008, je vous écris de Saint-Brieuc. J'écris pour raconter une histoire de vélos, des vélos à la retraite bien sûr. Une retraite souvent bien méritée comme en attestent, par exemple, les dents du pignon arrière de ce vélo de dame, rendues fines et pointues par l’usure. Un lifting a souvent été nécessaire avant de pouvoir les exposer, mais ils n’ont rien perdu de leur identité. Aujourd’hui ils n’évoluent plus sur les routes et pourtant ils voyagent encore. 

 


Nettoyés et bichonnés, ils sont prêts pour l’exposition organisée par la ville de Saint-Brieuc à l’occasion de l’arrivée de la deuxième étape du Tour de France 2008. En plus des vélos que j’ai fournis, il y a 2 Grand-Bi et d’autres vélos anciens amenés par André Vincent, un collectionneur de Nantes. Une rétrospective de l’histoire du Tour de France est faite, par Robert Drouault, à travers de vieux magazines (La Vie au Grand Air, Miroir Sprint, Miroir des Sports, …), des affiches et des dessins de Pellos. De vieux maillots et un vélo de contre la montre ayant appartenu à Bernard Hinault complètent cette exposition. Ce dernier vélo fait couleur locale, car le Blaireau a une maison à Yffiniac à quelques kilomètres seulement.



Tout est en place. Les vélos n’attendent plus que l’arrivée des visiteurs, grands et petits, jeunes et vieux, pour déclencher  des conversations parfois animées ou passionnées :



Qui, de m’expliquer qu’elle a eu le même pour sa communion en 36, ce beau cadre col de cygne avec des filets garde-jupes, mais qu’elle a fini par le détester à force d’être tombée dans les descentes abruptes de Saint-Brieuc, à cause du manque d’efficacité des freins à tringles.

Qui, de m’expliquer quelle vacherie c’était ces plaques des contributions qu’il fallait payer chaque année et que les gendarmes contrôlaient.



Qui, ce jeune retraité, Guy, faisant du vélo depuis cinq ans seulement et qui me raconte son premier Paris-Brest-Paris cette année, qu’il a bouclé en 88h. Il est arrêté devant mon Hirondelle Rétro-Directe. « Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! Dans le PBP, dans une côte, en revenant, après Dreux, j’ai doublé un coureur qui pédalait à l’envers. Sur le moment, je n’ai pas compris et j’étais trop fatigué pour lui accorder plus d’attention, mais maintenant je comprends mieux … »

Tout en écoutant, je surprends du coin de l’œil mon vélo qui sourit ; il semble heureux. Non ! Là c’est moi qui divague … ou alors c’est peut-être les effets du rosé de ce midi … Et pourtant …

Ah ! Revoilà Jacques, l’ancien coureur sur piste qui m’a fait ce matin une démonstration d’équilibre à l’arrêt. Il a spontanément emprunté un vieux vélo de course de l’exposition et devant le stand s’est mis debout dessus en équilibre, pour n’en redescendre qu’au bout de trois minutes.

Il n’est pas le seul à revenir plusieurs fois. Celui-ci qui était junior dans le même club que Laurent Fignon, était là ce matin et est revenu après le déjeuner. Il ne visite plus une exposition, mais il est dans son univers, comme chez lui. Il n’entend plus rien. Il ne fait absolument plus attention au va et vient des autres visiteurs. Il lit des comptes-rendus d’étapes sur des magazines aux pages jaunies. Il recherche des noms connus dans un livre qui répertorie tous les coureurs bretons, … Il y a tellement à lire qu’il ne repartira que lorsqu’il aura dépassé l’heure, car même les passionnés ont une « heure ».

Ces tranches de vie sont bien agréables à partager.


Tout cela se tient dans une vieille usine désaffectée, superbement restaurée par la Ville et la Région. C’est un lieu historique pour Saint-Brieuc. Construit sur le Port du Légué, à l’initiative de Lucien Rosengart, ce bâtiment de 30 000 m2 a abrité jusqu’à 900 ouvriers. Lucien Rosengart participe d’abord à l’effort de guerre lors de la 1ère guerre mondiale, puis évolue ensuite vers de la construction de pièces automobiles de précisions.

 


Mais la fête est aussi dehors avec les stands qui proposent des galettes-saucisses et à boire. Il y a aussi des moules-frites, mais à Saint-Brieuc il me semble que la galette–saucisse s’impose. Le vent nous ramène un peu de la fumée des gros barbecues et la bonne ambiance est complétée par la musique de la fanfare. La ville a organisé des défilés de véhicules anciens et le passage d’une caravane publicitaire reconstituée avec d’anciens véhicules déguisés en produits de consommation qui, souvent, n’existent plus.



La musique s’intensifie. Petit à petit, les spectateurs envahissent le bord de la route entièrement protégé par des barrières de police. La véritable Caravane n’est pas loin. Soudain c’est une explosion de cris. Les premiers véhicules de la Caravane Publicitaire sont en vue et pendant plus d’une demi-heure c’est l’habituelle pluie d’objets publicitaires : la musette LCL, les mains en mousse verte du PMU, le jeu de 52 cartes Télé 7 Jours, la casquette Cochonou, l’eau de Vittel, les paquets de bonbons Haribo, la casquette Champion, le bob Skoda, le bob Bouygues, les bandes réfléchissantes de Kleber et Festina, le décapsuleur porte-clés Panach’, le porte-monnaie Cofidis, le magnet Vache Qui Rit, le porte-cartes Euskadi, etc …




Le dernier véhicule est passé et c’est de nouveau le silence de l’attente.

Sans qu’on l’ait entendu arrivé, un hélicoptère est soudain très haut à l’aplomb de la ville. C’est sûr, les coureurs ne sont plus très loin. Des voitures et des motos passent à vive allure, suivies de quatre coureurs. Ils vont très vite, mais il y a comme une atmosphère d’inquiétude. Le peloton n’est qu’à vingt secondes et il reste quatre kilomètres à parcourir, alors ils ne sont pas encore vainqueurs. Pour l’instant ce ne sont que des proies. A peine le temps de les voir disparaître et le peloton prédateur arrive à son tour, efficace machine à rouler vite.



La suite on la suivra en direct sur un poste de radio : le speaker est le premier à partir au sprint. Plus les coureurs se rapprochent de l’arrivée et plus son débit de parole s’accélère. De leur côté, les échappés succomberont un à un au retour du peloton et l’arrivée se fera au sprint.



Après cela c’est l’affluence sur l’exposition, mais là plus le temps de discuter ; juste vérifier que rien ne disparaisse ou ne soit cassé.

Bientôt, le dernier visiteur est parti. Il est 18h00 et il est temps de remballer. La fête est finie, mais il reste comme une petite musique dans la tête, mélange de Caravane Publicitaire, de klaxon des voitures officielles, du bruit des vélos qui passent à vive allure, … 

Au revoir le Tour. A l’année prochaine.

Tonton Vélo


  Fête du Sport à Saint-Brieuc, préparation du stand une semaine avant le passage du Tour
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  Expo Tour de France
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http://www.mairie-saint-brieuc.fr/evenements/2008/tour_france/cadre.htm